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Nous avons lu, nous avons aimé : Peindre à Bourges aux XVe-XVIe siècles


Sous la direction de Frédéric Elsig, dans la Biblioteca d’Arte, Silvana Editoriale publie une série de volumes consacrés à la peinture des XVe et XVIe siècles. Dans l’Avant-Propos du volume 58, Peindre à Bourges aux XVe-XVIe siècles, le directeur de collection synthétise l’ambition de cette démarche : « Le présent ouvrage, septième de la série, vise à reconstituer la peinture produite dans une ville qui sert de relais entre la plaque tournante lyonnaise et l’axe ligérien : Bourges. Il aborde des personnalités telles que les frères Limbourg, Jean Colombe, Jacquelin de Montluçon, Jean Lécuyer et Jean Boucher ».


Frédéric Elsig a réuni quinze contributions de chercheurs et d’historiens de l’art, distribuées en trois sections et un épilogue. La répartition des textes se fait selon la succession des règnes des souverains : Charles VI et Charles VII, Louis XI et Charles VIII, Louis XII à Henri II. L’épilogue sert de conclusion et introduit deux textes de réflexions sur l’œuvre encore insuffisamment connue du peintre Jean Boucher, rédigés respectivement par Dominique Cordellier et Barbara Brejon de Lavergnée. La première section « met en évidence les commandes artistiques du duc Jean de Berry et s’interroge sur celles de l’argentier Jacques Cœur. » La seconde « souligne l’importance de deux ateliers concurrents : celui des Colombe et celui des Montluçon ». La troisième met en lumière la progression de l’italianisme avec la personnalité de Jean Lécuyer.


L’ouvrage se prête également – et c’est notre suggestion – à une lecture transversale selon les domaines et les techniques de création, dont on mesure mieux ainsi l’évolution et les interactions :


- le vitrail, avec les textes de Matthew Reeves (Sainte-Chapelle de Bourges), Brigitte Kurmann-Schwarz ( commandes de Jacques Cœur pour la cathédrale), Rafaël Villa et Dominique Cordellier (sur Jean Lécuyer), Rafaël Villa à nouveau (vitraux du château de Meillant) sans oublier Frédéric Elsig et une synthèse passionnante sur Jacquelin de Montluçon, qui retrace la personnalité multi-carte d’un artiste marquant de cette époque avec son atelier prolifique, qui est comme souvent alors celui d’une dynastie de peintres. Le vitrail à Bourges connaît un rayonnement par l’ampleur des commandes et la qualité de leurs réalisations.


- la peinture de manuscrits, thématique enrichie des contributions de Miriea Castano (Le Maître du Roman de la Rose et sa clientèle à Bourges), Christine Seidel (les débuts de Jean Colombe), Marie Mazzone (Le Maître du Romuléon : Philippe Colombe ?), Katja Airaksinen-Monier (Le Maître de Spencer 6). Cette thématique offre une série d’études comparatives ouvrant des perspectives nouvelles sur la peinture de manuscrits et le rôle majeur des commanditaires prestigieux, souvent grands serviteurs du roi, vivant dans l’entourage des princes et des souverains, lorsque Bourges était la capitale de Charles VII, connu comme le roi de Bourges, et qu’elle demeura lieu de création artistique quand il fut devenu roi de France.


- la tapisserie avec l’étude de Béatrice de Chancel-Bardelot qui développe, de manière convaincante, des hypothèses de reconstitution et d’attribution de la Tapisserie de Saint-Ursin de Bourges. L’auteur affirme en conclusion de son étude que « les modèles des tapisseries de Saint-Ursin ont probablement été créés par un artiste berruyer, peut-être lié à l’atelier des Montluçon, père et fils ».


Il n’est pas possible de citer toutes les contributions, dont la richesse et l’iconographie soignée font de ce volume désormais un incontournable pour aborder la création artistique à Bourges, dans la période historique qui concerne les générations de créateurs aux prises avec une vie politiquement agitée qui va du règne de Charles VI et la Guerre de Cents Ans à l’accession au trône de Henri IV qui marque la fin des guerres de Religion. Le projet de « reconstituer la peinture produite » à Bourges est amplement réussi. Peut-on ajouter que ces contributions montrent que Bourges ne fut pas seulement un « relais », où se confrontaient et se mélangeaient des influences venues du Nord et de l’Italie, mais qu’elle fut également un authentique foyer de création artistique auquel ce livre rend un juste hommage.


>> Plus d'informations sur le site de l’éditeur : silvanaeditoriale.it



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